Michel Ballot, vous êtes un chercheur indépendant en Cryptozoologie. Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à faire ce type de recherches ?
M.B : Je suis effectivement un chercheur indépendant en cryptozoologie et non un cryptozoologue. La zoologie est une science de la Nature, celle des êtres vivants, la cryptozoologie est la science des animaux inconnus de la Science ; Donc ce terme a une connotation scientifique qu'il faut laisser aux scientifiques qui partagent l'idée qu'il existe encore des espèces animales à découvrir. La cryptozoologie est une branche révolutionnaire de la zoologie, une spécialité. Dans la Nature je suis un naturaliste tout simplement à la recherche d'animaux inconnus. Bernard Heuvelmans était zoologiste et devînt cryptozoologue ou cryptozoologiste. J'émets l'idée que l'on peut glisser de la zoologie vers la cryptozoologie, et de la même façon que des amateurs issus d'horizons divers puissent eux - mêmes glisser vers la recherche en cryptozoologie.
Professionnellement, parallèlement à mes études de droit, j'amassais déjà toutes les coupures de journaux, revues, livres sur les animaux mystérieux et personnellement dès mes premières échanges de correspondances avec Bernard Heuvelmans, mon intérêt grandissait pour la cryptozoologie, africaine en particulier.
Vous êtes notamment le fondateur du Centre Cryptos (Centre de Recherches sur les Etres Vivants Mystérieux), qui publie le magazine Cryptos depuis 1995. Pouvez-vous nous dire quel est le sommaire de votre dernier numéro ?
M.B : Le Centre Cryptos n'existe plus ni la revue Cryptos Magazine, depuis des années. Notre association de recherche NGOKO publie trimestriellement un bulletin sur nos recherches en Afrique Centrale. L'association ouvre ses portes à tous les chercheurs désirant nous accompagner en mission où obtenir des informations sur notre travail en forêt équatoriale. L'abonnement pour un an est de 50 euros. Dans le sommaire de notre dernier numéro, nous faisons le rapport complet de nos deux expéditions de cette année 2007, ainsi qu'une étude sur l'animal appelé Emela N'Touka.
Vous connaissiez personnellement Bernard Heuvelmans, quel souvenir gardez-vous de lui ?
M.B : Je connaissais Bernard Heuvelmans depuis 1977. J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour lui et pour son oeuvre. Il s'est mis à mon niveau d'amateur, me conseilla et grâce à lui j'ai pu, je l'espère devenir un amateur... éclairé. Il m'a poussé dès 1986 à focaliser mes recherches sur le Mokele - Mbembe dans des zones géographiques bien précises. C'est mon Maître, dont la présence est toujours présente et à jamais me montrant le chemin. C'est un grand scientifique, initiateur pratique, éclairé et magique de la cryptozoologie.
Pour vous, quelles sont les dernières grandes avancées en matière de Cryptozoologie ? En matière notamment de découvertes de nouvelles espèces ?
L'identification d'un animal censé être inconnu est basé sur des principes inculqués par les très officielles institutions occidentales. L'indigène de la forêt équatoriale africaine aura pu identifier tel animal à telle époque alors que le scientifique l'identifiera à une époque postérieure. La notion de découverte zoologique est souvent décalée dans le temps. Les exemples sont nombreux, l'un des derniers en date concernant concerne le Sao - La, la chèvre des forêts ( Pseudoryx ) de la réserve naturelle du Vu - Quang du Vietnam, près de la frontière laotienne sur une zone escarpée de 170 kilomètres carrés dont l'espèce survécut à la surpopulation et aux ravages des bombardements et des herbicides durant la guerre. Les chasseurs des villages thaïs connaissaient ces animaux qu'ils nomment Huou Sao - La ( Huou désignant un cerf et Sao - La fuseau à tisser en référence à la forme effilée des cornes).
Je voudrais dans un premier temps parler de la génération post - heuvelmansienne qui assure cette continuité nécessaire, car d'une base de travail spécifique et unique, progressant vers d'hypothèses fondées et vérifiées et vers un résultat escompté, est venue s'ajouter une base multiple avec une diversification des idées et un aboutissement du résultat.
Je pense à :
- Christian Le Noêl, ami fidèle, grand spécialiste de la faune africaine, broussard hors normes, vulgarisateur réactionnaire d'une hominologie révolutionnant les concept trop fragiles d'une science en perpétuelle évolution.
- Roy Mackal et le regretté Richard Grenwell qui sont les précurseurs modernes de la recherche sur le Mokele - Mbembe.
- Bill Gibbons avec qui je partage la même passion dans les mêmes zones de recherches.
- Michel Raynal dont le site l'Institut Virtuel de Cryptozoologie fait unanimement référence.
- Eric Joye qui avec son ABEPAR, organise des recherches sur le terrain et des colloques.
- Loren Coleman pour son site Cryptomundo mis à jour quotidiennement.
Vous poursuivez depuis 2003 des recherches sur le terrain, dans le sud-est du Cameroun et du Congo à la recherche d'indices prouvant l'existence de grands animaux inconnus dans un milieu semi - aquatiques et dénommés Mokélé-Mbembé et Emela-N'touka. Pouvez-vous nous en dire plus ?
M.B : Depuis 2003, je poursuis des recherches dans une zone transfrontalière Cameroun -Congo - RCA et plus particulièrement le lond de rivières et fleuves ( Boumba - Ngoko ). Notre équipe a pu accumuler de nombreux témoignages sur le Mokele - Mbembe, qui vit là où les hippopotames ont disparu, qui est très imposant car il montre généralement que son dos rempli d'algues, sont caractère agressif le faisant craindre des pygmées. L'Emela N'Touka serait terrestre et vivant sur une zone immense de forêt et marécages de l'est du Cameroun jusqu'à la frontière avec la RCA. Quand au félin mystérieux que nous recherchons on le nomme Lion d'eau ou Panthère de l'eau, vit près des rivières là généralement ou il y a des rochers.
Vous êtes l’auteur également de nombreux articles et notamment sur le mystérieux Chupacabras, pouvez-vous nous en dire plus ?
M.B : J'écris dans l'excellente revue Le Monde de l'Inconnu des articles de vulgarisation cryptozoologique, j'ai participé à quelques émissions de télévision.
Sur le Chupacabras, il me semble qu'il s'agit d'une espèce carnassière nocturne, agressive et rapide connue en Amérique centrale et du Sud. Il s'agit peut - être d'une espèce qui a modifié son espace de vie et de chasse habituels, du fait de la déforestation. On a dit et écrit qu'il pouvait s'agir d'une manifestation extra - terrestre. Pourquoi pas, puisque tant d'hypothèses furent émises du fait de la personnalité hybride de notre Chupacabras.
Pouvez-vous faire un rapide tour d’horizon des différentes sortes d’espaces oubliées que l’on signale sur le continent Africain ?
M.B : Les espaces vierges sont encore nombreux en Afrique Centrale. On assiste déjà à un exode des populations des villages vers les mégalopoles urbaines mais la Nature ne reprend pas ses droits pour autant car la déforestation massive continue à ravager les paysages, la faune et la flore séculaires. Malgré tout si on se réfère au fabuleux parcours du Congo au Gabon de 456 jours de Mike Fay ( Megatransect ) il existe encore des zones éloignées de toute activité humaine. J'ai moi - même pu le constater en parcourant au cours de mes deux dernières expéditions des zones vraiment peu fréquentées situées entre le Cameroun et le Congo.
Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?
M.B : Les parutions anglo - saxonnes sont nombreuses et bien documentées et dans tous les domaines de la cryptozoologie. Ce n'est pas le cas avec les parutions francophones. Elles sont si rares. La plus intéressante est le livre de Bernard Heuvelmans sur les félins inconnus d'Afrique, unique quant à sa documentation, malgré une iconographie plus proche de la bande dessinée que de celle qui existe en la matière.
Est-ce que vous souhaiteriez faire connaître vos recherches au travers d’un ouvrage ?
M.B : Mes recherches sont actuellement compilées dans un manuscrit intitulé Le Dernier Mokele - Mbembe. Je recherche un éditeur, ce qui n'est pas chose facile dans ce domaine bien spécialisé.
23 Décembre 2007
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